Après avoir suivi les consignes de jeux d’écriture de mes camarades, j’ai décidé à mon tour d’en initier un. La consigne : chacun indiquait à l’autre un personnage, connu ou non, à inclure dans son histoire. Le mien a été donné par Princessepepette. Et pour retrouver tous les autres récits, je vous invite à cliquer sur les liens des participants (que j’actualiserai au fur et à mesure) : Rien à redire, Miss Thé Rieuse, SohanKalim, Venise, Gregatort et La Fraise Cinnamon.
Vienne, le 4 janvier 1802,
Monsieur B,
Je suis fort fâché d’avoir à vous écrire, d’autant que je ne vous connais pas, mais la situation l’impose. Depuis l’été dernier, j’ai en effet observé une étrange mélancolie s’emparer de ma sœur Giulietta. J’ai au départ naïvement attribué cet état à notre départ pour notre résidence d’été, la privant des plaisirs de la vie mondaine qu’elle commençait tout juste à découvrir. Mais la jovialité qui la caractérisait tant jusque-là ne revint pas à notre retour. Je l’observais souvent, le visage froid, ses pensées semblant voguer ailleurs. L’automne et son lot de fêtes la distrayaient mais ne lui rendaient pas son rire si profond et chaleureux qui résonnaient encore quelques mois plus tôt dans toute la maison.
C’est alors que je commençai à l’entendre souvent jouer au clavier cette sonate que vous connaissez bien, l’air mi-triste mi-rêveur. Lorsque je l’interrogeai au sujet de cet air, elle me répondit simplement que c’était une de vos compositions que vous aimiez à donner en exercice à vos élèves, pour les familiariser à des répertoires épurés donnant toute leur place à l’interprétation. Vous constaterez par ces propos que je vous relate avec quel aplomb ma sœur, du haut de ses tout juste dix-sept années, est déjà capable de mentir à son frère aîné, autrefois son confident attitré. Toujours est-il que je crus à son explication et ne creusai pas davantage dans cette direction, cherchant plutôt à la distraire et à faire passer cette gravité que je craignais de ne voir s’installer en elle. Lire la suite