Le côté merveilleux de Paris, c’est de pouvoir découvrir des trésors au fond des impasses. Et il en est de même pour le spectacle vivant. C’est ainsi que j’ai passé un samedi soir dans la salle du Proscénium, bien cachée des regards dans le petit passage du Bureau, du côté du métro Charonne, aux anciens sièges de cinéma grands et confortables (ce qui n’est pas donné à toutes les salles). La pièce s’ouvre donc dans l’ambiance paisible d’un salon cossu où Lexie et Lili, amies de toujours ayant désormais un âge pouvant être qualifié d’avancé sans ambiguïté, devisent en buvant le thé (ou un sherry, j’avoue ne plus trop me souvenir de ce détail) lorsqu’arrivent les petits enfants de Lexie. Mais très vite, l’une des deux fait un malaise et est conduite chez le médecin. Pendant ce temps-là, Lou retrace à l’aide du journal intime de sa grand-mère l’histoire de cette incroyable amitié ayant traversé les décennies mieux qu’un très grand cru de vin.
Ces deux-là se sont connues à 20 ans dans un bar, lorsque Lexie, la blonde, s’est enfuie de son essayage de robe de mariée, dépitée d’épouser sous la pression parentale un homme ne lui procurant aucun sentiment. Dès ce premier échange, la folie et l’aplomb de Lili, femme photographe indépendante à une époque où peu lui ressemblent, contaminent Lexie, qui se libère du carcan familial portée par l’énergie de son amie. Ensemble, elles voyageront, connaîtront des joies et des désillusions amoureuses, se disputeront, se réconcilieront, avant que des difficultés importantes mettent à mal ce lien si précieux qu’elles ont créés.
Cette histoire est à la fois banale et merveilleuse, portée par six excellents comédiens pleinement investis dans cette aventure, avec une préférence toute personnelle pour la pétillante Faustine Pont qui interprète Lili et l’espiègle et rêveuse Anne-Laure Maudet dans le rôle de Lou, deux jeunes femmes pleines de charisme.
L’on y croise des interrogations qui se posent à tous, à toutes les générations, sur le passé de ses aïeux, sur l’apprentissage de l’âge adulte, la valeur de l’amitié, les doutes des relations amoureuses, la solidarité entre proches, et toutes ces notions essentielles qui font la richesse de la vie. Mais surtout, cette pièce célèbre l’amour, au-delà des désaccords, des difficultés qui surviennent, au-delà même des blessures et des ressentiments que l’on peut créer chez l’autre. Et l’envie de profiter de chaque beau moment qui se présente. Cette pièce célèbre l’appétit de vivre aussi. Le tout en musique sur la magnifique composition de Jonathan Marois.
Un spectacle à voir absolument pour avoir le sourire et l’envie de profiter de chacun de ses proches chaque jour.
Plus d’infos :
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Blondie et Brunette, jusqu’au 29 avril 2016, le dimanche à 17h15 jusqu’au 27 mars et le vendredi à 21h30 du 15 au 29 avril
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Théâtre Le Proscénium, 2 passage du Bureau, 75011 Paris
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