
Poussière,
je t’écris aujourd’hui parce que tu sembles à avoir des difficultés à comprendre mes propos lorsque je les tiens de vive voix l’aspirateur à la main. Tu me rétorqueras peut-être que le son dudit aspirateur rend ma voix moins audible, mais tu ne sembles guère mieux entendre lorsque j’use du plumeau, lequel ne masque pourtant aucun bruit.
Notre relation aurait pu être sereine et saine si tu avais su ne pas te montrer moins envahissante. Mais tu n’as jamais su te modérer. Non contente de t’établir discrètement dans les recoins peu surveillés, tu as toujours cherché à étendre ton territoire, malmenant sans aucun scrupule mon amie la pauvreté. Pire, malgré les efforts déployés lors de notre rendez-vous hebdomadaire du week-end, tu n’as jamais su respecter mon besoin de voir un sol propre pendant la semaine, te réinstallant dès l’aspirateur de nouveau dans son placard et laissant ton empreinte dans chaque pièce de l’appartement (qui heureusement, ne comporte qu’un nombre réduit de pièces grâce à la cote de l’immobilier en Ile-de-France). Non contente d’être visible en surface, tu t’es aussi incrustée comme la canaille que tu es derrière des tuyaux, les radiateurs et autres recoins d’où il m’est impossible de te chasser.
Je t’ai donc demandé il y a quelques mois déjà de quitter la colocation pour te trouver un autre logement qui saurait mieux t’accueillir. Je t’ai même fait cadeau des frais engagés en lingettes, sacs d’aspirateurs et éponges pour rendre ta présence moins insupportable. Il semble hélas que mon amabilité et ma patience n’aient eu aucun effet sur ton comportement. Je te demande donc une dernière fois de faire tes valises et de quitter mon domicile, faute de quoi je me verrai dans l’obligation de demander une injonction d’éloignement.
Je ne te salue pas, tu connais la sortie, que je t’ai re-fléchée au cas où.
Plumechocolat
Étiquettes : complainte poussière, humour ménage, lettre à la poussière, lettre ludique, poussière