La peur

30 Oct

 

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La peur est l’adaptation théâtrale d’un roman de Stefan Zweig, publiée pour la première fois en 1910 (alors que l’illustre écrivain a 29 ans) et figurant dans un recueil de nouvelles publié en 1925. Il raconte l’histoire d’Irène, femme adultère qui se retrouve soumise au chantage de la femme de son amant. Elodie Menant, ayant réalisé l’adaptation et la mise en scène, a choisi de transposer l’action dans les années 1950, dans un joli décor fait de structures sur roulettes permettant de reconfigurer l’espace des appartements facilement et d’installer l’ambiance de huis clos qui se construit peu à peu. Les costumes sont superbes, surtout ceux d’Irène, qui a d’ailleurs le stylisme pour activité.

Irène et son mari, avocat, la trentaine et deux enfants, forment en apparence le couple parfait. Seulement, depuis que celui-ci a créé son cabinet il y a un an, son épouse se sent délaissée parce qu’il travaille trop, et va se consoler dans les bras d’Edouard, tous les mercredis, sous couvert de leçons de pianos données par le musicien. En sortant de son appartement après l’un de ces rendez-vous, elle se retrouve face à Elsa, qui l’enjoint de cesser de voir son compagnon et lui demande de la payer pour acheter son silence.

Très vite, la présence de cette femme et les sommes de plus en plus importantes qu’elle exige vont plonger Irène dans la peur, jusqu’à l’emmener aux limites de la folie. Et ce alors même que son mari, la sentant lointaine, fait des efforts pour se montrer plus présent, sentant bien toutefois que sa femme lui cache des secrets. Pire encore, les montants à verser enferment Irène dans une spirale de mensonges dont aucun des protagonistes ne sortira indemne.

Hélène Degy est absolument formidable dans son incarnation de cette femme rongée par la peur et la culpabilité, et luttant dans le même temps pour ne pas perdre sa famille. Aliochi Itovich est lui aussi excellent dans son personnage de mari à la fois tendre, attentionné, et soucieux de vérité dans tous les domaines de sa vie. Ophélie Marsaud, qui joue Elsa, a elle aussi su créer un personnage effrayant par sa détermination et son cynisme.

Alors que la pièce commence dans la légèreté feutrée de la cuisine de ce couple bourgeois, elle monte très vite en intensité pour nous prendre totalement aux tripes, sans aucun temps mort dans ce crescendo funeste et passionnant. On est très vite entièrement suspendus à chaque phrase et chaque geste de ces magnifiques comédiens, qui méritent une très belle ovation pour le travail réalisé. Il serait vraiment dommage de passer à côté de cette merveilleuse adaptation d’un immense auteur.

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