
En ces temps non pacifiés où les insultes communautaristes fusent et où les relations entre les forces de l’ordre et la population sont, sinon ambivalentes au moins complexes, écrire une pièce traitant du racisme et mettant indirectement en scène la police était un pari risqué. Parce qu’il est tout aussi facile d’attiser les tensions existantes que de tomber dans la caricature lorsque l’on touche à ces sujets, sur lesquels l’actualité récente montre qu’il est difficile de réagir sans affect d’une part, et de parvenir à un jugement un tant soit peu objectif d’autre part.
Dominique Coubes a réussi, en écrivant (et en mettant en scène) « les fantômes de la rue Papillon » à éviter ces deux écueils et à livrer une pièce qui amène à réfléchir sans mettre d’huile sur le feu. L’auteur a en effet choisi le parti d’une certaine tendresse et de beaucoup de poésie pour cette histoire qui est avant tout celle de la rencontre entre deux cultures et deux générations. L’histoire, c’est celle d’Haïssa, un jeune Maghrébin, qui se fait abattre par « erreur » par la police lors d’un contrôle d’identité où son mobile est confondu avec une arme (la scène introductive est matérialisée par des voix off) et devient un fantôme. A l’endroit même, où, en 1942, monsieur Joseph, luthier juif qui devait, sous le contrôle de la police, monter dans le bus avec sa famille (sans connaître la destination du voyage), tente d’aller récupérer son stradivarius en espérant qu’il leur permettra le cas échéant de s’assurer financièrement des jours décents, s’était fait abattre, devenant également un fantôme. Lire la suite →
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