Hypo, est, comme on peut le présupposer, le diminutif d’Hypocondriaque. C’est aussi le prénom choisi par ses parents au garçon qui nous raconte sa vie sur scène, du jour de sa venue sur terre à l’arrivée à l’âge adulte. En commençant naturellement par cet évènement fondateur qu’est la scène de son accouchement, où celui qui doit devenir le jeune Hypo résiste de toutes ses forces pour ne pas sortir du confort du ventre de sa mère et s’exposer à cet univers dangereux et rempli de microbes qu’est notre monde.
Très tôt, le jeune Hypo s’intéressera donc à la santé. Et, sans s’imaginer malade, il développera une fascination très particulière pour la connaissance du corps humain, des risques liés à l’alimentation, et surtout des maladies. Sa passion pourra s’exprimer pleinement lorsque, ayant appris à lire, il découvrira chez « Tatie-Purée » cette bible médicale qu’est le Vidal. Tatie-Purée est sa tante vue par tous et particulièrement par les parents d’Hypo comme un peu marginale, qui ne se nourrit que de pommes de terre écrasées, mais qui visiblement a su tisser un lien particulier avec son neveu qui ne fera que se développer au fil des années.
A la maison, l’incompréhension entre Hypo et ses parents – un brin exubérants à leur manière, il faut le dire – semble en parallèle grandir. En particulier lorsque son père cherche à lui faire apprendre le vélo, lors des randonnées dominicales en forêt et au moment des repas, composés d’aliments non exclusivement issus de l’agriculture bio ou raisonnée. Alors que les autres enfants aspirent à aller au McDo, lui refuse catégoriquement d’entrer dans un tel lieu. Tout cela le conduit à rédiger un « contrat » pour sa santé et sa sécurité qui aura pour conséquence directe de l’amener dans le bureau d’une pédopsychiatre. Avec des face à face hilarants de ce jeune homme avec cette femme qui lui fera vivre ses premiers émois sensuels, en même temps qu’elle le conduira à s’intéresser de très près à l’analyse psychothérapeutique.
Sa vie connaîtra une nouvelle perturbation avec l’arrivée pour ses dix ans de son petit frère, qu’il appellera « affectueusement » La Chose. L’adolescence fera encore monter d’un cran ses névroses liées à la santé, en particulier lorsque la jeune Charlotte s’intéressera de près à lui et cherchera à obtenir ce dégoutant moment d’échange de toutes les bactéries contenues dans la salive qu’est le baiser. Il changera toutefois de point de vue quelque temps plus tard en faisant la connaissance de Hütte, une jeune Allemande venant dîner chez Tatie-Purée tous les vendredis soirs.
Sans en dévoiler, trop, cette adaptation du roman de Christian Atolfi est interprétée tambour battant par Lucas Andrieu, qui fait déjà preuve à 21 ans d’un énorme talent. La mise en scène de Xavier-Adrien Laurent, avec l’utilisation de nombreux accessoires improbables cachées dans les 2 intrigantes malles présentes sur scène donne un vrai dynamisme à cette histoire à la fois drôle et touchante. Pas de gros éclats de rires, mais on sourit vraiment du début à la fin grâce à cet humour corrosif et tendre en même temps.
Plus d’infos :
- Hypo, jusqu’au 27 mai 2018, le dimanche à 20h30
- Théâtre de la Contrescarpe, 5 rue Blainville, 75005 Paris
- http://www.theatredelacontrescarpe.fr/hypo-avec-lucas-andrieu
- Reprise jusqu’au 20 septembre 2019, le vendredi à 20h au Théâtre du Marais, 37 rue Volta, 75003 Paris
- http://www.theatredumarais.fr/hypo/
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