Chers mâles de bonne volonté,
J’aurais-je préféré écrire directement « chers hommes de bonne volonté » pour vous nommer car le terme d’homme est sans contexte plus doux et positif. J’ai voulu en employant cet autre terme que vous sachiez sans équivoque que je m’adressais bien à vous, humains de genre masculin soucieux d’agir au mieux dans votre existence, car l’on parle trop peu souvent de vous, alors même que l’on devrait s’intéresser à ceux que vous êtes, heureusement très nombreux, à contribuer, avec le concours des femmes de bonne volonté, à rendre ce monde plus joli. J’ai envie d’oser penser que vous êtes largement majoritaires, cependant ne disposant pas de statistiques officielles, je n’oserais m’aventurer sur ce terrain qui pourrait certainement susciter la polémique, tant sur les critères de recensement que sur la fiabilité des chiffres avancés. Je me contente donc de souligner que vous n’êtes pas des robinsons perdus sur une île de mâles mal lunés, mais que vous êtes bien présents et souvent pas assez visibles hélas, supplantés en termes de médiatisation par les susnommés.
Alors que résonnent depuis des mois les sirènes de #metoo, que vous entendez depuis des années les complaintes contres « les mecs, ces salauds sans cœur » ou autres expressions plus crues encore, vous avez choisi le respect, naturellement parce qu’il faisait partie de votre éducation, ou par conviction acquise avec les années. Sans doute n’êtes-vous pas parfaits, il vous arrive de faire l’aveugle dans le bus en espérant que quelqu’un cèdera sa place avant vous les jours où vous êtes fatigués, vous n’êtes pas des militants du bris de plafond de verre ou de la lutte contre les fausses promesses sentimentales visant à « parvenir à ses fins », ou seulement épisodiquement quand vous vous trouvez face à une situation qui vous révolte vraiment. Mais à votre niveau, vous agissez justement, en ayant un discours franc, en vantant les qualités de vos collègues féminines dont vous estimez qu’elles méritent d’être reconnues, en les promouvant / augmentant quand vous en avez le pouvoir, en vous assurant systématiquement de leur consentement, et bien sûr en finissant par céder cette place dans le bus en voyant que personne ne se lèvera, quand bien même cela vous coûte particulièrement ce jour-là.
Vous avez peut-être parfois l’impression que l’on ne vous remarque pas, en entendant les clameurs des protestations anti-goujats, en constatant les petites et grandes blessures infligées par les hommes qui ne vous ressemblent pas aux femmes et leur peu de considération pour ces dernières. Voire que ce sont ces individus irrespectueux qui récoltent le succès que vous n’avez pas, ce qui est hélas vrai pour beaucoup d’entre eux. J’avais donc envie aujourd’hui de vous rendre hommage. Parce que même si nous sommes trop peu nombreuses à vous le dire, nous sommes conscientes de votre existence, oui, la vôtre personnelle et celle de vos homologues de bonne volonté. Et que c’est bien à vos côtés que nous nous épanouissons – ou nous nous épanouirons – amicalement, professionnellement et amoureusement. Votre bienveillance, votre souci de l’autre, et autres valeurs que vous faites vivre par vos comportements sont bien au cœur de votre masculinité – quoi qu’en disent les théories – elles sont même précisément ce qui fait ou fera de vous de « grands hommes ». Alors aujourd’hui, j’ai simplement envie de vous remercier et de vous encourager à rester comme vous êtes. Vous comptez à nos yeux, soyez-en bien sûrs.
tres beau texte (commentaire intéressé) 🙂
Tu as raison, je te compte bien parmi les hommes de bonne volonté 😉