Car/men

23 Déc

Après avoir vu, adoré, revu et re-adoré le drôlissime Tutu de la Compagnie Chicos Mambo, j’avais naturellement hâte de découvrir la nouvelle création du chorégraphe Philippe Lafeuille dont l’imagination n’a d’égale que la folie douce. Et il faut naturellement un peu de folie pour déconstruire Carmen, bien que d’autres chorégraphes et /ou metteurs en scène s’y soient déjà essayés, avec aussi des spectacles à la fois originaux et très aboutis. Dans cette nouvelle version du célèbre opéra-comique de Bizet, neuf danseurs interrogent, transforment, revisitent l’histoire de la célèbre cigarière andalouse et de ses amours passionnées.

Prenant beaucoup de liberté avec le livret, tout en restant fidèle à l’esprit de l’œuvre, Car/men nous emmène, ou plutôt nous entraîne sur des rythmes et styles musicaux très éclectiques, nous plongeant dans une ambiance tour à tour festive comme celle de Séville, sombre comme celle du repaire des contrebandiers ou frénétique comme celle de la corrida. Philippe Lafeuille y explore aussi l’identité de genre, avec des convictions qui se ressentent, tout en faisant le choix de la légèreté, à l’image des jupes et robes qui tournoient pour entraîner le public dans le tourbillon de la vie bohémienne.

La danse est toujours précise, technique, rigoureuse, parfaitement rythmée, assaisonnée de la voix impressionnante du chanteur soliste, capable de maîtriser tant les graves que les aigus et de faire se répondre Carmen et Don José sans même un tressautement. Et si l’on sait l’issue tragique, cela n’empêche pas de savourer pleinement les interludes humoristiques sans prendre garde à nos zygomatiques. CAR il ne fait nul doute que ces « nine men » sont de véritables phénomènes.

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