Depuis qu’elle avait quitté son agence d’événementiel insupportablement misogyne pour devenir wedding planner deux ans auparavant, Fanny se sentait revivre. Elle avait en plus choisi, tout en restant en Ile-de-France, de quitter Paris intra-muros pour profiter d’un environnement plus verdoyant et d’un appartement plus spacieux en rez-de-jardin, reliant le centre de Paris en RER en moins de 30 minutes les jours où elle avait besoin de s’y rendre pour voir ses clients ou ses amis. Son rythme de travail était toujours intense, elle avait toujours des « clients » aux profils très éclectiques et rarement simples à gérer, entre ceux aux demandes loufoques ou exubérantes, les psychorigides, les totalement dépassés, les radins et à l’opposé les m’as-tu-vu qui voulaient à tout prix épater la galerie, ceux aux belles-familles envahissantes, ceux qui l’appelaient pour un oui ou pour un non et a contrario ceux qui ne répondaient jamais à ses sollicitations, les futurs mariés se suivaient et se ressemblaient rarement. Et c’était précisément ce qu’elle aimait, composer et inventer, souvent dans l’urgence, conseiller et rassurer, apaiser les tensions également. Le tout bien évidemment avec quelques difficultés, notamment pour assurer certaines fins de mois, mais débarrassée de la pression, des exigences et des égos démesurés de ses anciens directeurs.
Lorsqu’elle avait fait la connaissance de Céline et Ladislas, elle était très enthousiaste à l’idée d’organiser « le plus beau jour de leur vie ». Ces deux trentenaires « de bonne famille » étaient plein de dynamisme et semblaient avoir trouver une belle harmonie de couple. Ils s’étaient montrés très aimables, avec des demandes claires, un budget conséquent, un délai confortable de 13 mois, et, cerise sur le gâteau, de nombreux jeunes couples parmi leurs invités qui pourraient potentiellement faire appel à ses services si elle se montrait à la hauteur, et elle ne doutait pas d’en être capable. Car si elle aimait bricoler et jongler avec les contraintes, elle n’en appréciait pas moins les mariages dont l’organisation « roulait comme sur des rails », expression de feu son grand-père dont elle aimait bien user.
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