En théorie, le portrait de Dorian Gray devrait être une expérience déplaisante : parce que c’est l’histoire d’un salaud qui, par la magie d’un tableau peint par un de ses amis artistes éperdument fasciné par ce jeune homme, ne portera aucun des stigmates de son âge ni de ses actes. Lequel homme déshonorera sans scrupule plusieurs générations de femmes. Le tout écrit par un auteur misogyne au dernier degré. En théorie seulement. Parce qu’en réalité, je pardonne tous ses affreux propos à Oscar Wilde tant sa plume est belle et bien acérée et ses aphorismes géniaux. Et que voir des acteurs brillants dans de magnifiques costumes sur la scène d’une très jolie salle de l’avenue Montaigne à Paris met presque obligatoirement également dans de bonnes dispositions.
Au vu de ces éléments, je me vois donc dans l’obligation de faire preuve de la plus extrême bonne foi au monde et de rendre hommage à cette pièce. A la naïveté sincère ou à la sincérité naïve, je ne saurais pas trancher, qui émane de Thomas Scott en tant qu’interprète de Basil, le peintre de génie éperdument épris de son modèle et prêt à toutes les concessions pour pouvoir profiter de sa présence. Laquelle disposition lui amènera à présenter à Dorian son ami Harry, philosophe cynique poussant les autres à la débauche et s’érigeant très vite en maître à penser du toujours jeune éphèbe. Lire la suite