Cher sommeil,
D’aussi loin que je me souvienne, toi et moi avons toujours eu un rapport de type « suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis ». Cela a commencé dès que j’ai su lire, peut-être même avant, ma mémoire à ce sujet est floue, et que j’ai appris à feindre ou tout du moins à exagérer ma peur du noir afin de bénéficier d’une source de lumière me permettant de dévorer les ouvrages de la bibliothèque rose, puis ceux de la comtesse de Ségur et bien d’autres encore ensuite au lieu de sagement me coucher comme naturellement attendu par mes parents. Je n’ai d’ailleurs jamais su s’ils étaient dupes de mon stratagème et de mes faux endormissements lorsqu’ils entrebâillaient la porte pour voir si j’étais bien assoupie, toujours est-il que j’ai commencé très tôt à ne pas respecter les prescriptions relatives au temps à passer en ta compagnie. Et je continue encore à l’instant T, plaçant mon envie d’écrire avant l’écoute de mes paupières qui se ferment et de mes baîllements à répétition, alors même que la célèbre minuit ne va pas tarder à sonner (mais ne disposant volontairement pas d’horloge à coucou, je pourrai me permettre de ne pas entendre l’appel à rejoindre l’oreiller)
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