Depuis maintenant 9 ans, le Ciné 13 régale son public du très original festival Mises en capsules, dédié aux formes courtes théâtrales. le principe est le suivant : en une soirée sont présentées 5 pièces de 30 minutes chacune avec 15 minutes de pause entre chaque pour que le public respire, aille aux toilettes ou puisse fumer des cigarettes et que les comédiens et équipes techniques puisse passer un coup de désodorisant (oui, le public réuni en masse transpire presque autant que les acteurs sous les projecteurs) et changer les décors. Au total, 16 spectacles sont sélectionnés, visibles donc sur trois soirées, avec chaque fois les mêmes combinaisons de 5 mais dans un ordre variable, et puis le dernier qui se promène en électron libre. Il faut pardonner aux professionnels du spectacle vivant cette petite fantaisie du nombre de capsules pair pour un nombre de créneau impair, ce ne sont en général pas de grands matheux. Et puis, c’est un peu comme le cadeau bonux des plus assidus.
Ce fut pour ma part la 4ème édition de ce rendez-vous que j’attends désormais toujours avec un peu d’impatience.
Soirée 1 : Dans la joie et la bonne humeur
Beaucoup d’enthousiasme de ma part jeudi dernier pour mes retrouvailles avec ces fameuses capsules de 30 minutes avec 15 minutes de pause entre chaque pour discuter ou se taire, boire ou manger ou les deux ou aucun, relire le résumé de ce qu’on vient de voir, prendre connaissance du pitch de ce qu’on va voir, rerentrer dans la salle, rechoisir une place, réteindre son téléphone mobile, et puis se laisser bercer jusqu’au noir final. Et une soirée sous le signe de la comédie, souvent un peu grinçante quand même.
Capsule 1 Inséparables (Texte : Muriel Combeau et Nathalie Lévy-Lang, mise en scène : Thierry Lavat, avec : Muriel Combeau, Bruno Gouery, Nathalie Lévy-Lang, Pierre Hiessler et Eric Theobald) C’est l’histoire d’une bande d’amis qui se sont tous rencontrés pendant leurs études aux arts déco et ne se sont plus quittés depuis. 15 ans, 20 ans ou un peu plus d’amitié, on ne sait pas, mais on devine qu’ils n’ont pas tellement changé. Ils se réunissent dans l’appartement de l’une d’entre eux pour se rendre à la fête déguisée des anciens élèves, qui est en réalité une fête surprise organisée pour l’anniversaire d’Olivier, le monsieur cynique de la bande, méprisant tout le monde parce qu’il a un peu mieux réussi qu’eux dans l’édition. Son ex qui fait partie de la bande le laisse lui marcher sur les pieds et abuser de sa gentillesse parce qu’elle espère le reconquérir. Ajoutez à cela la maîtresse de maison qui vient de coucher avec son meilleur ami avant l’arrivée de son petit ami officiel, un peu simplet et pas au goût de la bande, et vous avez de quoi créer du cinglant et des vérités qui dérangent. Une histoire bien construite, dynamique, dont l’amitié ne sort pas indemne mais où les personnalités se révèlent. Très agréable moment.
Capsule 2 : Le corps parle (Texte : Aurélie Denis, Mise en scène : Arnaud Denis, avec : Aurélie Denis) Aurélie Denis livre ici une histoire très personnelle, celle de son accident une nuit en rentrant de soirée. Au lieu d’un homme charmant, c’est une voiture qu’elle rencontre ce jour-là, de plein fouet. S’ensuit beaucoup de temps passé à l’hôpital pour se réapproprier ce corps qui ne fonctionne plus comme avant. Elle raconte avec pudeur la dépendance pour les plus petits détails, de la toilette au fait de pouvoir s’asseoir, et la lenteur pour retrouver sa mobilité. Et puis l’après, retrouver le monde quand on est jeune et qu’on marche avec une cane, que le rapport au temps change et la relation aux autres aussi. Et que la vie et le désir sont là, encore vifs, plus vifs même sans doute. Un seule en scène touchant, avec un texte qui dit beaucoup en disant peu, chacun étant invité à combler les blancs. Lire la suite