A nouvelle année nouveaux défis, je me permets ces temps-ci d’esquisser une ébauche de début d’approche de sujets non entièrement consensuels. Et parmi ces sujets, il en est un que l’on ne peut habituellement pas aborder sans casser des œufs, celui des enfants des autres (étant une grande amatrice d’omelette au fromage, j’ose donc l’impensable ce soir). Naturellement, je ne suis tout de même pas devenue kamikaze au point de parler des neveux et nièces, sujet tabou entre tous.
Je me contenterai donc de parler des enfants des amis. Parce que, comme certaines personnes visiblement mal intentionnées le soulignent épisodiquement, les années se succèdent, et avec elles, un nombre croissant de mes sympathiques camarades se découvre une vocation parentale. Ce qui me réjouit sincèrement pour eux (et accessoirement pour ma retraite, aheum, je crois que j’ai pensé trop fort). Cette nouvelle situation se passe heureusement fort bien dans de très nombreux cas, et je ne peux que féliciter les amis concernés pour savoir éviter les questions et moments qui fâchent. Là, le lecteur lambda sent qu’il y a un hic, et en effet, il se trouve que j’ai communiqué l’adresse de mon espace d’écriture à des personnes qui me sont proches et dont le comportement sera donc considéré pour le reste de ce billet comme exemplaire (je sais que ces personnes ont assez d’humour et de bon sens pour jouer le jeu, merci à elles). Cela dit, il arrive que je me retrouve en compagnie de copains ou copines un peu moins proches et que tout ne se déroule pas aussi admirablement que possible.
Commençons par le commencement, le stade du nouveau-né. Dans un délai d’un à trois jours après la naissance, me voici donc avertie de l’arrivée d’un nouveau petit sur la planète. Le plus souvent accompagné d’une photo prise depuis un portable à la clinique ou à l’hôpital, avec un cadrage qui parfois aurait posé question à Picasso lui-même du bébé moins d’une heure après sa sortie héroïque du ventre de sa mère. Je ne sais pas si vous réalisez d’ailleurs que ceci équivaut à photographier un coureur en sueur à la fin de son premier semi-marathon, donc que l’image sera difficilement flatteuse. Recevant ce message par mail, mms ou souris voyageuse, me voilà en général confrontée au difficile exercice du commentaire. Naturellement, il est difficile de dire au jeune père et/ou à la jeune mère qu’une reconversion en photographe portraitiste est inenvisageable. Et que compte tenu du peu d’éléments à ma disposition, je ne saurais m’aventurer à exprimer le moindre commentaire positif ou négatif sur le physique de l’enfant. Parfois, j’ai la chance d’être sauvée par le prénom, qui constitue un excellent échappatoire lorsqu’il est bien choisi. Hélas, il se trouve que dans certains cas, mes doutes sur le degré de mignonnitude du 152ème plus beau tétard du monde que j’ai contemplé ces dix dernières années ne puissent être mis de côté au profit d’un commentaire élogieux sur le choix de « John-Aristophane », « Belinda », « Gervais » (comme le carré frais ?) ou « Thapenade » (toute référence à la tartine étant proscrite). Dans ces moments d’extrême solitude, redoutant tout commentaire, je tente un « sincères félicitations, la joie se lit sur vos visages et dans votre message, c’est fantastique ». 90% du temps, ça passe. Dans les 10% de cas restants, il faut savoir prendre son parti d’une mauvaise réaction (et puis le choix de Thapenade semble montrer que des gens capables d’une telle cruauté envers leur progéniture n’auraient jamais pu compter parmi vos amis les plus proches). Lire la suite