Le chemin des dames

29 Oct

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Le chemin des dames est une pièce intéressante et originale, puisqu’elle nous plonge au cœur des arcanes du pouvoir, en avril 1917, lorsque l’exécutif et les chefs d’Etat-major ont dû décider de lancer ou non l’offensive du même nom. Comme l’histoire en atteste, cette décision était lourde d’enjeux puisque cette bataille a duré au total six mois avec 200 000 morts du côté français (et un peu plus du côté allemand). Et pour restituer cette délibération stratégique, la pièce a été écrite par Bruno Jarrosson, lui-même consultant en stratégie et sans doute aussi un peu passionné d’histoire, tant il semble bien s’être documenté pour rendre cet échange vivant et pertinent.

Le 6 avril, le président Raymond Poincaré (Philippe Pierrard) arrive donc avec le président du Conseil  Alexandre Ribot (Bruno Chapelle) et le récemment nommé ministre de la Guerre Paul Painlevé (le très facétieux Alain Pochet). Avant l’arrivée des généraux, ils commencent ainsi à débattre du sujet. Paul Painlevé est, on le voit dès le départ, résolument opposé à cette attaque, tandis qu’Alexandre Ribot y semble plutôt favorable. Dès avant l’arrivée du Général Nivelle, qui a remplacé Joffre en décembre 2016 au commandement des armées, il déploie une argumentation passionnée et très à charge contre la stratégie de Joffre et de son successeur qu’il n’apprécie guère.

L’apparition dudit Général (Didier Vincent, parfait en homme autoritaire et arrogant) crée d’emblée une tension, tant du fait du caractère inflexible de Nivelle que de l’animosité patente entre les deux hommes. Il sera suivi par deux autres généraux : Joseph Micheler (Yves Carlevaris, parfait un homme hésitant ne désirant pas mouiller son uniforme) et Philippe Pétain (Jérôme Keene), qui était en concurrence avec Robert Nivelle quatre mois plus tôt pour l’obtention du poste suprême et est lui aussi clairement hostile à son supérieur.

Après l’intervention du ministre de la guerre, réalisée avec verve et fougue, chacun des trois généraux va s’exprimer à son tour, Poincaré ayant levé à titre exceptionnel le devoir de réserve de Pétain et Micheler envers leur supérieur. Robert Nivelle impressionne par sa froideur et son obstination, Joseph Micheler fait rire malgré lui par sa lâcheté d’homme n’assumant pas avoir lui-même conçu les plans de l’attaque, et Philippe Pétain fait une excellente synthèse, tout en appuyant assez ouvertement la position du ministre de la Guerre. Etonnamment, la gravité de la situation n’empêche pas l’humour pour ce spectacle riche en suspense, où l’on voit bien les mécanismes et jeux d’influence à l’œuvre derrière les grandes décisions politiques et militaires. Un très beau spectacle excellement interprété qui donne à réfléchir tant sur le passé que sur le monde actuel, à recommander à tout âge, des scolaires aux survivants de guerre.

 

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